Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chef-lieu ; il fut étudiant à Paris, chartiste, élève de l’école de Rome ; mais, parvenu à la célébrité, il refusa toute fonction officielle et ne voulut même pas se fixer à Paris. Vrai bourgeois flamand, par l’écorce épaisse, le sens pratique, le goût des jouissances matérielles, aimant les belles choses et l’argent qui permet de les acquérir, excellent chef de famille, catholique sans mysticité, Guillaume Wallers n’avait pas, comme on dit, le pied parisien. Il épousa, vers la trentaine, une demoiselle Hansuys, de Courtrai. En même temps, il achetait la maison de la rue au Chapel-de-roses où il commença d’entasser meubles, tapisseries, livres, objets d’art et curiosités de toute espèce. Il souhaitait douze enfants. Il n’eut qu’un fils et une fille, et les joies de cette paternité n’allèrent pas sans rançon. Jacques, l’aîné, très intelligent, ne fut point du tout « intellectuel » ; le sang des Hansuys parlait en lui, et il se révéla, dès l’adolescence, homme d’action et homme d’affaires, comme ses ancêtres maternels. Il voyage, maintenant, dans l’Argentine, et achète des laines pour le compte d’un grand peigneur de Roubaix. Marie, plus délicate, plus affinée, reçut au couvent des Ursulines la même éducation que sa mère avait reçue vingt ans plus tôt. Elle en sortit, avant sa dix-huitième année, munie de principes religieux très solides et d’un