Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/18

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comparer Marie Laubespin à Isabelle Van Coppenolle, une femme charmante et malheureuse à une coquette écervelée. Marie s’est résolue à la séparation, parce que son mari la trompait, parce qu’il avait, à Paris, une maîtresse et un enfant ! Que M. Laubespin se fasse pardonner ! Marie lui sera clémente…

— Pourtant, conclut la vieille demoiselle, s’il y avait quelque nouveauté, mon neveu Claude en serait averti. La dernière fois qu’il est venu à Pont-sur-Deule, il a soupé chez les Wallers. Je serais bien étonnée qu’ils eussent un secret pour Claude puisqu’ils le traitent comme le fils de la maison…

— Qui vivra verra !…


Ainsi, les moindres faits et gestes de M. Wallers, de sa femme, de sa fille, de sa nièce, sont observés et commentés par les voisins. Bien que l’esprit de la petite ville mêle un peu d’aigreur à ces commérages, on s’accorde, à Pont-sur-Deule, pour admirer la famille Wallers, et particulièrement M. Guillaume.

Pendant trois siècles, les Wallers furent notaires à Pont-sur-Deule, et Guillaume Wallers, le premier, rompit avec cette tradition ancestrale, — avec celle-là seulement. Il fit ses classes au collège de Pont-sur-Deule, puis au lycée du