Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/193

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savais pas que Son Excellence avait une si belle épouse…

— Madame est une amie, donna Peppi, et elle ne vous comprend pas. Elle est Française.

— De Paris !… Ô Madone !…

Les autres femmes du vicolo, attirées par le grand événement, répétaient :

— Paris !… Paris !…

Marie, affreusement gênée, se contraignait à sourire.

Cependant, donna Peppina Cocumella racontait abondamment l’histoire de sa fille, séduite par cette canaille de Rafaele, et blessée par lui… Elle n’avait rien dit au commissaire, Nannina ! C’était une fille de cœur, capable de tuer son homme, mais non pas de le livrer… Quant à Ciccio… il était quelque part, du côté des Granili, pour affaires… Mais demain, sûrement, Son Excellence le trouverait à l’osteria du Capucin…

— Merci à vous, donna Peppi !…

Le sculpteur mit une pièce dans la main de la bonne femme, tandis que la marmaille assemblée criait :

— Un sou, Excellence !… Un sou !… Je meurs de faim. Excellence !… Pour le macaroni, monsieur !… Vous êtes bon !… Vous avez une belle femme !… Un sou, don Tore !… Mon père est à l’hospice… Ma mère est morte en accouchant !…