Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/202

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gros chagrin… Alors, il pria Marie à son tour,

— Puisque votre père ne vous attend pas, restez deux jours encore… ou même un seul jour… Faites cette grâce à ma mère et non pas à nous…

Et comme il la sentait ébranlée, il ajouta :

— Nous serons très occupés, tous deux. Maman surtout profitera de votre présence.

— Soit ! Je partirai demain à quatre heures, dit Marie.

Elle regretta aussitôt sa faiblesse.

— Faites-moi chercher une voiture, voulez-vous ? Je désire rentrer à Naples et je redoute le tramway… La galanterie napolitaine est un peu gênante et il me déplaît fort, je vous assure, qu’on me fasse la cour malgré moi.


Angelo avait-il compris la leçon ? Il fut extrêmement cérémonieux pendant le dîner et s’éclipsa bien avant le dessert avec Salvatore… Donna Carmela essaya vainement de les retenir.

— Mais où vont-ils ?… Que font-ils ?… Mon Angiolino a une figure triste comme un vendredi saint !… Peut-être qu’il souffre à cause d’une femme, mon cher fils, mon cœur !…

Une anxiété touchante crispait son beau visage de Junon polychrome — marbre blanc pour la figure, marbre noir pour les cheveux — et