Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/212

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mécontentement. S’il est fin, il sentira la partie perdue ; s’il persiste, vous le traiterez comme un sot ou comme un insolent. De toutes façons, vous devez en être débarrassée. Je ne crains pas ce rival un peu grotesque, malgré sa beauté. Cette espèce-là n’est pas dangereuse pour une femme de votre caractère, et je redouterais plutôt Salvatore, s’il n’était affreux, — car il est affreux, n’est-ce pas, il est horrible ? J’ai besoin de croire qu’il est horrible afin de ne pas le haïr éperdument !… — Vous déclarez que c’est une « âme noble » et un « grand artiste »… Tant mieux pour lui si ses mérites justifient votre admiration. Mais, Angelo !… C’est un fantoche, mon amie ! C’est un polichinelle, avec un profil grec et sans bosses. On n’est pas jaloux d’un pantin. L’histoire des lettres et de l’arrivée imprévue qui m’avait contrarié me semble tout à fait comique… Pourtant, vous n’auriez pas dû céder aux prières de cette famille accapareuse, et je m’explique mal la faiblesse qui vous a fait rester à Naples un jour de plus… Je m’étonne aussi que l’absence de confort, et la promiscuité forcée avec trop de personnes, ne vous aient pas dégoûtée encore de Pompéi. Le printemps, dites-vous, est plus chaud qu’un été de France, et les ruines, sous le soleil, ont une température de four… Ne restez pas plus longtemps dans cet endroit pittoresque,