Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

poétique et malsain. Madame di Toma vous a offert de passer quelques semaines dans la montagne, à Ravello, je crois ? N’hésitez pas. Partez pour Ravello. Le fantoche, retenu par votre père, vous laissera enfin tranquille, et je vous permets, à l’extrême rigueur, la compagnie de Salvatore… Vous voyez que je suis bien raisonnable et point jaloux. Êtes-vous contente ?…


Même jour.

… J’apprends à l’instant, mon amie, par un billet d’Isabelle, qu’elle sera bientôt près de vous !… Je ne puis me défendre d’un regret poignant, et il me faut toute ma raison, tout mon courage, pour ne pas sauter dans le train qui va passer ce soir… le même train qui vous emporta… Ah ! que je suis malheureux et que je me sens vous aimer, et que je vous sens lointaine, Marie, petite Marie !

Vous ne comprenez donc pas que je souffre de cette séparation voulue par vous, et par vous si allègrement supportée ! Vous ne comprenez donc pas que je m’affole à comprimer ma passion, à lui opposer je ne sais quels obstacles créés et maintenus par vos préjugés — je lâche le mot, tant pis ! — Si vous m’aimiez, comme ces préjugés tomberaient vite !… Mais vous ne