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Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/216

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missel flamand. L’abbé Masini demandait un calque, un petit dessin, avec la signature de la copiste. Seul, Angelo demeurait morne et courroucé. Il avait accablé Marie en assez de lettres qui étaient restées sans réponse et il comprenait bien que madame Laubespin évitait les explications. Après le déjeuner, elle affectait de prendre le bras de Wallers, pour une brève promenade sous les eucalyptus. Le soir, elle ne quittait pas l’exèdre où siégeait la petite Académie cosmopolite des savants. L’après-midi, elle s’enfermait, et le triste Angelo soupirait et jurait, seul, dans quelque jardin à statues et à rocailles.

Parfois, quelqu’un proposait une excursion intéressante ; Marie disait toujours : « Pas maintenant… Quand Isabelle viendra… » Et tous les petits plaisirs étaient ainsi reculés, subordonnés à cette venue prochaine de madame Van Coppenolle dont Marie vantait la beauté, l’aimable caractère, l’humeur enjouée. Elle prenait Angelo à témoin : « Vous connaissez ma cousine… N’est-elle pas une magnifique personne ?… Avouez que vous fûtes ébloui, en la voyant… » Angelo répondait tout haut : « Oui… oui… magnifique… élégante… sympathique… » Et, tout bas, il grognait : « Votre cousine peut venir… Je ne perdrais pas le sommeil pour elle, si je ne l’avais déjà perdu… »