Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/26

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estaminets où les mariniers se querellent en patois flamand, autour des chopes. Sur les péniches chargées de betteraves, des enfants jouent malgré la pluie, des enfants pâles, bouffis, aux cheveux filasse. Et, d’une cabine, monte une voix de femme berçant un nourrisson.

Et voilà M. Guillaume Wallers dans les rues qui mènent au boulevard de la Gare. Toutes se ressemblent, avec leurs petites maisons de brique aux croisées vertes. Il y a des gens dans ces maisons, mais rien ne révèle leur présence. Jamais ils n’ouvrent leurs fenêtres dont les stores frangés découvrent un petit musée de bibelots, statuettes et jardinières, tournés vers le dehors pour l’admiration des passants… On devine une lampe, une forme penchée sur un ouvrage de couture… Vagues lueurs, vagues ombres… Mais ces logis fermés sont pleins d’yeux. Et, chaque fois que le miroir-espion reflète la bonne figure colorée de M. Wallers, un témoin caché le suit du regard et se demande :

« Où va-t-il ?… Pourquoi ?… Comment ?… Et qu’est-ce que cela signifie ?… »