Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/316

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expressifs qui émurent Salvatore. Il murmurait : « Simpatico !… tanto simpatico !… » et il plaignait, sans jalousie, cet homme que Marie aimait. Et sa petite madone, sa petite fée de Thulé, aux cheveux d’or et d’argent, lui devenait plus chère, puisqu’elle était sensible et malheureuse.

Mais quand elle lui demanda un conseil précis, il ne sut rien dire. En réalité, il ne comprenait rien aux scrupules religieux de Marie. Il n’admettait pas qu’elle pût hésiter entre Claude Delannoy et André Laubespin, qu’elle sacrifiât un bonheur certain à un devoir abstrait, et qu’elle eût le remords du péché dont elle n’avait pas la jouissance. Il déclara :

— C’est de la métaphysique !…

— Vous ne me conseillez pas de divorcer, Salvatore ! Je suis très sincèrement, très profondément catholique, comme ma mère, comme toutes les femmes de la famille Wallers… Tant que monsieur Laubespin vivra, je ne me sentirai jamais libre… Même divorcée, même mariée à Claude, je ne serais pas heureuse, parce que ma conscience et mon cœur se combattraient…

— Oui, oui… répétait le sculpteur… Je dis bien : c’est de la métaphysique… Mais pourquoi divorceriez-vous ?… Aimez qui vous aime, et fiez-vous à la miséricorde de Dieu… Et votre Claude, qu’il vienne donc ! Tout s’arrangera…