Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/335

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folle Isabelle, tu as été sa revanche… Ton ennui, son dépit, les circonstances vous ont rapprochés… Et vous avez appelé ça : un amour !… Au fond, c’est une histoire très vulgaire et pas jolie du tout…

La jalousie, naguère éveillée par des imprudences d’Angelo, assoupie par ses serments et ses caresses, mordait Isabelle au vif de sa chair. Elle dissimula pourtant son trouble…

— Tu inventes ce que tu veux… Tu crois bien faire. Tous les moyens te semblent bons pour me dégoûter d’Angelo, mais je ne suis pas émue…

— Il te faut des preuves ?

Marie ouvrit l’armoire et prit sa boîte à couleurs… Parmi les tubes et les pinceaux, il y avait une demi-douzaine de lettres pliées dans leurs enveloppes.

— Voilà !… Dieu sait que je voulais détruire, sans les montrer à personne, ces élucubrations d’Angelo di Toma !… Elles sont assez innocentes en elles-mêmes, mais elles expliquent les événements moins innocents, qui suivirent…

Isabelle avait saisi le paquet : elle maniait les enveloppes d’où tombèrent quelques pétales de narcisses… Elle reconnut la manie d’Angelo qui collait toujours des fleurs aux angles de ses lettres ; elle reconnut la légère odeur d’ambre et