Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/337

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Marie, — mais il avait désiré l’être… Il parlait de la « beauté fine », du « chaste sourire de madone » ; il comparait madame Laubespin à la « neige vierge des cimes », et, pour mieux louer l’amante idéale, il témoignait de son dégoût pour les femmes « toutes de chair et de matérialité »… qui ne savent pas dire « non »…

Isabelle l’exécra tout à coup, et elle exécra Marie qui lui infligeait une leçon humiliante…

Elle replia les papiers et les rendit à sa cousine.

— Je te remercie… Tu es trop bonne… Mais tu aurais pu me mettre au courant… Somme toute, je t’ai débarrassée d’un flirt encombrant… Je t’ai rendu service… Maintenant, je sais ce que je dois faire…

— Belle !

— Ne t’occupe pas de moi, je te prie !… Toutes mes excuses pour le désagrément que je t’ai donné cette nuit… Si tu étais restée chez toi, nous aurions encore quelques illusions bien agréables l’une et l’autre. Adieu, ma chère ! Tu as bien gagné ton repos…

Elle entra dans sa chambre. Marie, stupéfaite, n’osa la suivre.

Il y eut un moment d’absolu silence. La jeune femme remit les lettres dans la boîte. Elle éprouvait une angoisse étrange comme un remords…