Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/346

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solution aux péchés de la nuit prochaine…

Salvatore devina les pensées de Marie. Il lui dit tristement :

— Vous commenciez à aimer Naples… Maintenant, vos idées du Nord reviennent. Quand vous serez en Flandre, vous direz : « Cette Naples, quelle ville de débauche et de saleté !… Ces Napolitains, quels polichinelles !… » Tout ça parce que mon frère à aimé votre cousine.


Dans le train qui la ramenait à Pompéi, Marie Laubespin se rappelait cette phrase du sculpteur, pendant que défilait la banlieue, déshonorée déjà par des fabriques. Elle se défendait d’être injuste envers ce pays qui lui avait fait du mal, qui avait bouleversé la vie d’Isabelle, et qui pourtant laisserait dans leur mémoire, à toutes deux, un souvenir trop lumineux, trop parfumé, et peut-être une souffrance nostalgique…

Elle songeait aux images conventionnelles et peu flatteuses que les étrangers se font du peuple napolitain, aux « impressions de voyage » écrites par des touristes naïfs qui ont fréquenté des patrons d’hôtels, des guides, des entremetteurs et des filles, et qui, n’étant jamais entrés dans une vraie famille napolitaine, dépeignent la pauvre belle cité comme un repaire de voleurs, de ruffians et de prostituées…