Aller au contenu

Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/350

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

malheureuses !… » Et elle insistait, ingénument, sur le pluriel.

Maintenant, elle n’engageait plus madame Laubespin au divorce ; elle ne parlait plus de Claude ; elle faisait des allusions discrètes à « ce pauvre André ». Elle aurait trouvé fort mauvais que Marie se ravisât, et elle pensait : « Tu as voulu que je sacrifie mon amant. Tu me dois l’exemple de l’héroïsme ; sacrifie ton amour !… » Mais elle se croyait beaucoup plus malheureuse que sa cousine, parce que Marie ne pleurait jamais devant elle.

Le matin du troisième jour, Marie reçut un télégramme qui était allé de Pont-sur-Deule à Pompéi, puis de Pompéi à Rome. Madame Wallers avertissait sa fille qu’André Laubespin venait de mourir brusquement, d’une embolie.


— Tu vas être heureuse !… répéta Isabelle, en ranimant Marie qui s’évanouissait. Tes peines sont finies… André n’a plus besoin de toi. Il a emporté ton pardon, et tu penseras à lui sans remords… Tu auras tout, Marie, l’amour, le bonheur, et même la paix de ta conscience… Claude t’attend, Marie !… Tu vas être heureuse !

Ainsi elle réconfortait la jeune femme qui avait trouvé des forces pour le sacrifice et qui demeurait éperdue et faible devant le bonheur,