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Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/39

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votre repos, si vous m’aimiez… mais vous ne m’aimez pas !… Alors, que craignez-vous ?… Mes importunités ?… Je saurai me taire. Je me suis tu vingt ans. N’avez-vous pas trouvé en moi un frère et un ami ?

— Je ne les trouve plus… Je trouve un homme qui se plaint, qui m’effraie, que je fais souffrir et qui me tourmente… Tout à l’heure encore, vous m’avez cherché une querelle absurde. La semaine dernière… c’était autre chose…

— Je vous ai baisé la main… comme tant d’autres fois.

— Non, pas comme les autres fois… Tout est changé, Claude…

Elle secoue la tête, et son petit visage exprime une volonté irrévocable qui consterne le jeune homme.

Il soupire, sans protester, le front dans ses mains. Et des souvenirs l’assiègent qui lui montrent Marie mêlée à toute son existence d’homme et d’enfant.


Leurs mères s’étaient mariées la même année, et madame Wallers eut d’abord un fils, Jacques. Marie attendit, pour naître, que Claude fût né. On aurait pu les endormir dans le même berceau. Mais l’heureuse petite Wallers fut choyée dès sa naissance, tandis que Claude, tout de suite