Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/52

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La robe d’Isabelle la couvrait sans la cacher. C’était un fourreau en crêpe de Chine crème, tout brodé, tout ramage d’or ; des perles dans les cheveux ; des perles au cou. Sur les épaules, une écharpe de plumes floconneuses. Cette toilette, trop riche pour un dîner de famille, contrastait avec la mousseline noire de Marie et l’honnête satin broché, couleur puce, de madame Wallers. Isabelle s’en excusa :

— Tu vois, dit-elle à sa cousine, je me suis mise « en peau ». C’est que ma femme de chambre avait fourré cette vieille robe dans ma malle, — à tout hasard… Je n’avais pas autre chose, — à moins de dîner en peignoir ou en costume tailleur.

— Je pense, dit l’Italien, que cette femme de chambre mérite notre gratitude. Madame est aussi belle qu’Hélène Fourment.

Il considérait Isabelle avec un étrange regard de peintre, d’amoureux et de maquignon.

Guillaume Wallers dit :

— C’est très juste. Ma nièce ressemble à Hélène Fourment.

— Cela ne me flatte guère, oncle Guillaume.

— Tu es difficile !

— Un Rubens, c’est bien vulgaire.

— Oh ! dit Claude, vous êtes une Flamande, ma chère Isabelle, bien que vous détestiez la