Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/53

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Flandre et ses habitants. Les Rubens ont bien leur charme !… J’ajoute, pour vous consoler, que vous n’avez pas l’âme flamande, pas du tout. On voit que vous avez été élevée à Paris.

M. di Toma demanda ce qu’était l’âme flamande en général et celle de madame Van Coppenolle en particulier.

— L’âme flamande, dit Isabelle, c’est celle de ma belle-mère : un petit lumignon dans une énorme lanterne en verre épais. La mienne…

— C’est, repartit Claude, une bougie rose dans une lanterne en papier, très jolie et qui flotte au vent.

On rit. Isabelle ne se fâcha pas.

— Sans plaisanterie, reprit-elle, l’âme flamande est bien engagée dans la matière et elle est animée par l’amour du bien-être, l’amour de l’argent et l’amour de soi. Les personnes qui possèdent cette âme, quand elles sont du sexe féminin, s’enorgueillissent surtout de leurs qualités ménagères, de leur fécondité et de leur vertu. L’âme flamande loge dans le ventre, comme le voulaient les anciens, si j’en crois mon oncle Wallers.

La bonne madame Wallers hocha sa tête placide à bandeaux gris, et elle déclara ces plaisanteries fort inconvenantes.

— Pardon, ma tante ! dit Isabelle. J’accorde