Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/85

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Claude et Marie respirèrent quand ils furent seuls dans la rue, seuls ensemble. Tout le bien qu’ils avaient dit de M. Van Coppenolle, leur revenait à la mémoire, et ils étaient un peu confus, un peu déçus, et bien plus indulgents pour l’épouse révoltée.

— Comme Frédéric est devenu sec et tranchant ! dit la jeune femme.

— Dès qu’il se range à mon opinion, j’ai envie de le contredire, fit Claude… Ah ! son regard, sa voix, ses doctrines, ses meubles, sa maison !… Pauvre Isabelle !

— Vous la plaignez, et, pourtant, vous l’avez ramenée à la prison conjugale ! Mais l’avenir montrera bien si le ménage Van Coppenolle peut durer… Maintenant, oublions-le… Allons voir de très vieilles choses et des gens bien inutiles. Ça nous changera…

Marie Laubespin sourit. Elle sentait Claude plus doux et plus gai que la veille, heureux de cette faveur innocente qu’elle lui avait accordée, et, résigné, croyait-elle, à la séparation inéluctable.

Elle-même avait épuisé toute sa force de sévérité, et, protégée par la pensée du départ prochain, elle goûtait sans remords le plaisir d’être seule avec l’ami de son enfance.

« Je l’aime vraiment beaucoup, se disait-elle en