Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ô Marie, Marie, qui êtes mienne et qui vous refuserez toujours, Marie lointaine, Marie trop prudente, souvenez-vous de Courtrai ! Jamais, depuis ce soir divin, vous n’avez consenti à répéter l’aveu que j’avais cueilli sur vos lèvres… Vous voulez que notre amour demeure enveloppé de silence, et votre âme scrupuleuse redoute les paroles comme si c’étaient des baisers. Mais, quand vous serez bien loin de moi, rassurée par la distance, devenez moins sévère ; faites-moi la charité d’un mot tendre. Je vivrai huit jours de ce mot-là.

Au revoir, Marie ! Puissiez-vous n’être pas trop fatiguée ! Vous trouverez à Naples cette lettre qui va vous suivre et qui vous dépassera, puisque vous perdrez une journée à Rome. Écrivez-moi. Racontez-moi tout. Faites-moi voir le pays, les choses, les gens. Aidez mon imagination amoureuse et inquiète à me représenter votre vie, là-bas… Et n’oubliez pas Courtrai !

Je baise vos chères mains.

CLAUDE.

Selon votre désir, je ferai porter des violettes sur la tombe de madame Vervins.