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Page:Tinayre - La Maison du péché, 1902.djvu/148

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religieuses portaient sur le cœur. Ce sont des fleurs simples, petites, presque sans parfum, comme il en peut croître de la poussière des morts ; mais, pour nous, ce sont des fleurs sacrées…

— Comme vous êtes sensible au charme des choses ! dit Fanny. Certes, il ne me faut pas un bien grand effort d’imagination pour revoir, pour admirer le Port-Royal ancien, évoqué par vos paroles. Oui, c’est vraiment votre patrie, et vous m’apparaissez ici tout autre que dans mon logis des Trois-Tilleuls… Vous êtes mieux vous-même… Donnez-moi ces fleurs. Je les garderai en souvenir de notre promenade. Mais, dites, n’est-ce pas une impiété ?… Je suis une pécheresse, et si la mère Angélique me voyait…

— Venez saluer la mère Angélique. Elle nous pardonnera.

Il ouvrit la porte grillée de l’oratoire et fit entrer Fanny dans la salle fraîche, éclairée par des vitraux, ornée de tableaux et d’estampes. Il y avait des bibliothèques vitrées contre les murs, une table au milieu, au fond une statue de la Vierge…

— Regardez ces portraits, madame… Ce sont des copies assez médiocres, d’après Philippe de Champaigne… Voyez, dans ces vitrines, ces objets : des fragments d’étoffes, des mosaïques, une écuelle, un reliquaire, un coffret de bronze qui contint naguère un cœur desséché… Ces livres, dans les bibliothèques, ces gros livres reliés en cuir brun, c’est l’Augustinus, la Fréquente Communion, le Nécrologe, les œuvres de Nicole, les traductions de M. Le Maistre et de M. de Saci… Cette horloge, dont la gaine est peinte en blanc, a été donnée aux religieuses par M. Arnauld d’Andilly