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Page:Tinayre - La Maison du péché, 1902.djvu/149

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et placée dans la salle de communauté… Voyez ces lettres autographes. Quelle belle écriture française ! On sent que la plume a pesé avec lenteur et précision.

— Les gens qui écrivaient ainsi n’étaient pas neurasthéniques… Et ceci… Qu’est-ce donc ?

— Ceci, madame, c’est le masque de plâtre pris sur le cadavre de Pascal.

— Oh ! fit-elle, comme il a souffert !

Un sentiment de pitié la retenait devant la face au nez proéminent, aux cils affaissés, à la bouche lassée, détendue…

— Ils meurent donc dans l’épouvante et la tristesse, les saints mêmes, ceux qui cherchent Dieu en gémissant !

Elle se tourna vers Augustin, d’un air d’angoisse. Il dit doucement, pour la rassurer :

— Qu’importent les stigmates que l’âme imprime sur la chair douloureuse avant de s’en arracher, dans les affres de la suprême lutte et de la libération ! Ces yeux fermés avaient versé des pleurs de joie ; cette bouche détendue avait crié d’extase… Rappelez-vous les effusions du Mystère de Jésus… Que cette image de mort ne vous effraie point, mon amie. Il faut aller à Dieu avec simplicité et confiance : on le trouve dès qu’on a commencé de le chercher… Ceux qui nous regardent le savaient bien…

Il désignait les portraits dont les yeux fixes semblaient lui dire :

« Qui êtes-vous ? »

Et pendant que Fanny lisait tout haut les noms inscrits sur les cadres, Augustin de Chanteprie, dans le secret de son cœur, répondait :