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Page:Tinayre - La Maison du péché, 1902.djvu/220

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Courdimanche ; et je vous ai attendu pour vous dire ma douleur… et mon mépris. Ah ! vous mentez bien… On voit que vous avez été à bonne école. Ce n’est pas M. Forgerus qui vous a enseigné cet art tout féminin du mensonge… Mensonge, votre piété, mensonge, votre tendresse filiale ! Mensonges, vos gestes, vos paroles, vos regards !… Mais vous êtes démasqué. Je vous ai dit ce que j’avais à vous dire. Retournez chez votre maîtresse… Allez-vous-en !

Elle parlait d’une voix brève et faible, sans emphase, qui trahissait une résolution implacable. Le visage d’Augustin se décomposait,

— Puisque vous savez tout, dit-il, vous me pardonnerez peut-être… Oh ! je ne prétends pas nier ma faute ou l’excuser. J’avoue ma faiblesse et ces mensonges dont j’ai honte. Oui, j’aime une femme d’un amour qui m’a trompé moi-même et qui, déjà, m’a fait souffrir. Mais vous savez, on vous a dit comment j’en étais venu là… par quelle illusion merveilleuse… Je me suis pris à mon propre piège, hélas !… Cette pensée vous rendra sans doute moins sévère… Vous compatirez…

Elle secoua la tête. Non, elle ne pouvait pas comprendre, elle ne pouvait pas compatir. Chaste entre les chastes, restée vierge de cœur, Thérèse-Angélique conservait du mariage et de la maternité un dégoût invincible pour l’ « œuvre de chair ». Elle ne voyait dans l’amour qu’une fonction basse et ridicule, la marque de la bête que le sacrement même n’efface pas tout à fait.

— Vous êtes donc pareil aux autres hommes, vous, mon fils, vous que Dieu combla de ses grâces dès