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LA MAISON DU PÉCHÉ

lui une âme simple et fervente. J’ajoute qu’Augustin est fort ignorant. Un ami, le capitaine Courdimanche lui a enseigné tant bien que mal les premiers principes des sciences et du latin. Il n’a rien lu que le Martyrologe, la Vie des Pères du Désert, des Récits tirés de la Bible, et quelques ouvrages d’histoire. Jamais il n’a quitté Hautfort-le-Vieux. Il n’a pas de camarades de son âge, et son plus grand plaisir est de travailler au jardin… Faites donc comme il vous plaira votre plan d’études. Je désire qu’Augustin reçoive une instruction générale et une éducation religieuse…Je ne vois en lui ni un futur savant, ni un futur officier, ni un futur magistrat : qu’il devienne un homme et un chrétien. Dieu lui révélera plus tard sa vocation particulière.

M. Forgerus sourit.

— J’ai connu des mères de famille qui choisissaient, vingt ans à l’avance, la carrière de leur fils. Ils portaient encore les lisières, que l’orgueil des parents prophétisait déjà : « Tu seras préfet !… Tu seras général !… Tu entreras à l’Académie !… » Ou plus simplement : « Tu feras fortune !… » Et ces parents étaient chrétiens !… Préoccupés de donner un élève de plus aux Écoles, un fonctionnaire de plus aux Administrations, ils ne songeaient guère à donner un soldat de plus au Christ et un défenseur à l’Église. L’éducation religieuse, la formation d’une conscience chrétienne, cela regarde M. le vicaire chargé du catéchisme de la paroisse. Qu’est-ce qu’un jeune homme « bien pensant » ? C’est un garçon qui a fait sa première communion, qui garde une certaine sympathie pour le culte et pour le clergé. Mais sa tendresse pour la