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LA MAISON DU PÉCHÉ

M. Le Tourneur, embarrassé. Mais cette discussion doit ennuyer notre jeune ami, le troubler peut-être… Eh bien ! mon petit Augustin, le voilà donc achevé, ce grand jour, cet heureux jour…

M. Forgerus admira la diversion. L’habile prêtre ne voulait pas blesser madame Angélique, critiquer les « ancêtres » ; et, du même coup, il donnait une leçon de convenances à ce professeur laïque qui osait le contredire devant Augustin, son catéchumène d’hier.

« C’est un moliniste égaré en pays étranger, pensa Forgerus amusé de la comparaison. Que fait-il ici ?… Nous sommes en plein xviie siècle. N’est-ce pas une sœur des Agnès et des Angélique qui préside le repas ? Augustin ne ressemble-t-il pas à M. de Séricourt ou à M. de Luzanci enfant ? Est-ce mademoiselle Courdimanche ou mademoiselle de Vertus, qui est assise près de moi ? Le capitaine n’offre-t-il pas quelques traits de M. de Pontis, ou de ce M. de la Petitière qui, par humilité, se fît le cordonnier de Port-Royal ?… »

Les grâces dites, mademoiselle Cariste demanda son châle, et les convives présentèrent leurs compliments à madame de Chanteprie. Augustin avait disparu.

La vieille servante, balançant contre sa jupe une lanterne allumée, vint chercher M. Forgerus pour le conduire au pavillon. Ils traversèrent ensemble un vestibule à carreaux blancs et noirs, et descendirent un perron de trois marches. Alors, le faisceau lumineux éclaira la cour sablée, une avenue de tilleuls qui faisaient dans l’ombre deux grands murs d’ombre plus opaque. Forgerus devina une longue terrasse surplom-