Page:Tinayre - La Maison du péché, 1902.djvu/70

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une jeune veuve, pauvre, et chargée d’enfants, qu’une parente charitable voulait héberger tous les étés au Chêne-Pourpre… Mais elle n’avait pas parlé de ses enfants !

La route plate, unie, longeait les champs qui offraient toutes les nuances du vert, vert frais des jeunes blés, vert azuré des jeunes seigles, vert plus sombre des prairies. Au bord du chemin, des coucous jaunes fleurissaient, et l’on voyait des traînées de violettes pâles, courtes sur queue et sans parfum.

— Vous connaissez Hautfort-le-Vieux ? demanda Augustin à madame Lassauguette.

Non, elle était venue par Gariguières, sur le conseil d’un ami qui lui avait indiqué Rouvrenoir comme un pays très pittoresque où la propriété ne coûtait pas cher. Alors M. de Chanteprie vanta sa ville natale. Il engagea ces dames à visiter les ruines, l’église, le cimetière. Mais madame Lassauguette n’aimait pas les antiquités.

— Tu te promèneras dans Hautfort, Fanny, pendant que je verrai madame de Chanteprie…

On arrivait. Augustin montra le chemin de l’église, à la jeune femme et suivit madame Lassauguette dans la maison. Un moment après, il ressortit… Madame Manolé était assise à l’ombre des tilleuls, sur un banc de pierre.

— J’ai eu peur de me perdre dans la ville, dit-elle en riant. Je n’ai pas bougé ! J’avais tant de plaisir à regarder le paysage !…

— Eh bien, je vous mettrai dans la bonne route. Je vais précisément place de l’Église, chez un ami.

Il resta debout près d’elle, tête nue : ses cheveux