Page:Tinayre - La Maison du péché, 1902.djvu/77

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épouvante. Dans le mariage, comme dans l’amour illégitime, la femme est l’ennemie de l’homme, et le saint qui pèche sept fois par jour, pèche six fois à cause d’elle.

» Ne vous trompez pas, mon enfant, sur la nature et l’issue de ce combat mystérieux dont je vous parle. Il ne s’agit pas seulement du conflit entre la passion et le devoir, entre la chair et l’esprit. Par une bénédiction spéciale, vous n’avez point connu ces luttes grossières où succombent presque tous les jeunes gens de votre âge. La tentation ne s’est pas approchée de vous qui ne l’avez point cherchée. Ne vous enorgueillissez pas d’une vertu qui ne vous appartient pas en propre, puisque vous la tenez toute de Dieu. Ni le vice brutal, ni la fausse tendresse, plus dangereuse mille fois, n’ont cueilli les prémices de votre jeunesse. Remerciez Dieu, qui vous a tant aimé !

» Aujourd’hui, la femme entre dans votre vie, sous l’aimable et rassurant aspect d’une jeune fille chrétienne. Faut-il vous fier entièrement à ces apparences de sagesse, de prudence, de douceur, qui vous enchanteraient plus encore que la passagère beauté ? Et ne faut-il pas vous défendre contre cette beauté même ?… Prenez garde, mon enfant, que les charmes de votre fiancée ne vous emportent à quelque excès d’affection qui serait préjudiciable à tous deux, en dénaturant le caractère du mariage ; prenez garde d’aimer la créature autant que Dieu, ou de ne point l’aimer en Dieu. Redoutez ces ruses de la tendresse féminine, ces jalousies, ces prières, qui, sous couleur d’amitié conjugale, incitent l’homme à une espèce d’idolâtrie non moins criminelle que celle des païens. Ne mettez