Page:Tinayre - La Maison du péché, 1902.djvu/82

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naturellement la poitrine creuse et le dos rond. « Fillette », vivant portrait de son père, anémique et blondasse, le teint presque aussi beige que sa robe beige, « Fillette » faisait penser à ces malheureux petits brins d’herbe sur lesquels on a marché. Docilement, elle se redressait, tendant sur sa gorge plate les draperies du corsage-châle et les bretelles de ruban qui avaient la prétention d’« avantager ».

— Dites donc, cousine, fit l’abbé Chavançon, est-ce que votre jeune ami n’aurait pas oublié l’heure, à courir les bois ?

— Augustin ne court pas les bois. Il est à Hautfort et je l’ai vu aujourd’hui même, très affairé, parce qu’il était en pourparlers avec deux dames, deux Parisiennes qui vont acheter les Trois-Tilleuls.

L’abbé Chavançon se tourna vers un prêtre très grand, très mal vêtu, le visage énergique et creusé, les cheveux bruns, droits sur la tête.

— Des paroissiennes pour vous, Vitalis.

— Si elles ressemblent à mes autres paroissiens, il me restera du loisir pour cultiver mon jardin ! dit le prêtre au visage sombre.

— Oui, Rouvrenoir est une cure de tout repos… Beau pays de chasse, par exemple !

— Gâté par les braconniers. Il y a encore du faisan, mais le lièvre disparaît !… Et le perdreau se fait rare ?

— Et dites donc… le casuel !… Il n’est pas fameux, le casuel ?

— Plutôt chétif. Mais j’ai peu de besoins, et ma mère est si économe !

— Ah ! vous avez votre mère avec vous ! C’est