Page:Tinayre - La Maison du péché, 1941.djvu/121

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servait d’antichambre, il aperçut des vêtements accrochés, qui révélaient la présence de plusieurs convives. Il en fut contrarié.

Fanny le fit entrer dans une petite pièce où brûlait une veilleuse, et, la porte fermée derrière eux :

« Méchant ! Comme vous arrivez tard ! »

Qu’elle était jolie dans sa robe à paillettes noires qui l’enveloppait toute de bruissements et de reflets ! Mais Augustin ne remarqua pas la robe choisie pour lui plaire. Il dit, entre deux baisers :

« M. Rennemoulin est ici ?

— Oui. Vous le saviez donc ?

— J’ai cru faire un mensonge, tout à l’heure, en disant à ma mère que je devais voir M. Rennemoulin…

— Voilà votre conscience en repos…

— L’intention coupable demeure, ma pauvre Fanny… C’est horrible de mentir tout le temps, à tout le monde ! »

Elle faillit répondre : « Eh ! qui vous force à mentir ? N’êtes-vous pas libre ?… » Il reprit :

« Qui avez-vous encore, avec M. Rennemoulin ?

— Louise Robert, une femme charmante et malheureuse dont le défunt mari ressemblait au mien. Vous verrez aussi un de mes bons camarades, que vous avez rencontré, une fois, au Chêne-Pourpre : Georges Barral…

— Le cycliste en détresse ?

— Lui-même. Il a des façons brusques et drôles, mais c’est un ami excellent… Tous ces gens s’en iront de bonne heure, j’espère, et vous avec eux… Mais vous reviendrez.

— Et le train ?…

— Le train ?… Vous l’attendez jusqu’à demain matin, dans les bras de votre amie… Oh ! ne dis pas non !

— J’ai promis à ma mère de la voir, dès mon retour. Elle est inquiète…

— Oh ! tu ne me feras pas tant de chagrin ! dit Fanny d’une voix mouillée de larmes. Nous pourrons à peine nous parler. Envoie une dépêche, trouve un prétexte, invente quelque chose, et reste, oh ! reste, mon amour !

— Crois-tu donc que je partirai sans regrets ?… Fanny, sois raisonnable… Tu viendras à Hautfort, après-demain, dans le cher pavillon… »

Elle se résigna, de mauvaise grâce, et conduisit Augustin dans l’atelier.