Page:Tinayre - La Maison du péché, 1941.djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

en souriant. Il entrait dans la maison de Fanny, – et dans son âme…

Et maintenant, c’était l’automne…

Lorsqu’il revint, Augustin trouva Fanny grelottante.

Il alla chercher du bois dans le bûcher. La flambée rapide s’élança ; des lueurs et des ombres palpitèrent sur le plafond, sur les murailles, et ces reflets errants, le geste du jeune homme incliné, évoquèrent d’autres souvenirs… Fanny revit la chambre des pavots, et le lit baigné dans une clarté pourpre… Comme Augustin l’avait aimée, ce soir-là !…

Jamais plus, non, jamais plus !…

Elle s’enfonçait au cœur la torturante certitude. Et M. de Chanteprie, assis près d’elle, relevait son voile, baisait ses yeux irrités :

« Tu pleures ?… »

Elle se taisait, vaincue par la douceur de cette bouche qui lui fermait les paupières. Et lui-même, oubliant ses scrupules, n’était plus qu’un homme aux bras d’une femme…

« Tu m’aimes donc ?

— Tais-toi ! »

Il l’emportait.

« Non, rassure-moi seulement, console-moi. J’ai tant de chagrin !…

— Tais-toi ! »

Il parlait en maître, et la femme ne se disputait plus. L’amour lui faisait un cœur d’esclave…