Page:Tinayre - La Maison du péché, 1941.djvu/190

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« Il est quatre heures, madame, et, depuis le déjeuner, ces messieurs sont enfermés dans le pavillon. J’ai frappé à la porte, tout à l’heure, et M. Forgerus m’a crié : « Plus tard ! Laissez-nous… » Est-ce qu’il restera ici, M. Forgerus ? Faut-il lui préparer sa chambre ? En voilà une idée, de tomber chez le monde sans prévenir ! Et vous l’attendez dans ce salon humide où il n’y a pas eu de feu depuis Noël… Vous serez malade…

— Silence ! J’ai besoin de repos, dit Mme Angélique.

— Dame ! il vous a fait causer assez longtemps, M. Forgerus !… Ah ! le voilà qui vient. Ce n’est pas trop tard… »

Une inquiétude haineuse aiguisait les yeux de la Chavoche quand elle s’effaça pour faire place à M. Forgerus. L’ancien précepteur ne regarda même pas la servante. Il entra dans le salon, délibérément, et ferma la porte derrière lui.

Mme de Chanteprie était assise dans un fauteuil au coin de la cheminée, un escabeau soutenant ses jambes malades.

« Venez, monsieur, dit-elle, mettez-vous là près de moi. Vous avez vu mon fils, vous lui avez parlé ? Dites-moi tout… »

M. Forgerus assujettit ses lunettes sur son nez. Dans le jour blanc de la fenêtre, il paraissait à peine vieilli, et sa figure aquiline exprimait une espèce de fierté.

« Hé ! dit-il, j’arrive à temps… Tout est aventuré, madame, mais, grâce à Dieu, rien n’est perdu…

— Quoi ! pouvons-nous espérer ?… »

La parole manquait à Mme Angélique. Ses paupières sans cils voilèrent ses yeux sans couleur. M. Forgerus reprit :