Page:Tinayre - La Maison du péché, 1941.djvu/203

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haute et la plus pure de la charité chrétienne… L’innocent souffre volontairement pour le coupable ; et le pénitent pour l’impénitent… Eh bien ? tout imparfait que vous êtes, imitez cette générosité sublime. Appliquez à celle que vous aimez l’humble mérite de votre pénitence. Priez pour elle, souffrez pour elle, satisfaites à la justice du Dieu offensé par elle, soyez la rançon vivante de sa faute et de son erreur. Elle cherche la joie : vous cherchez la souffrance, elle veut être chérie et admirée : vous serez délaissé de tous et méconnu ; elle se plaît à la diversité des spectacles, à tous les plaisirs de la curiosité, à toutes les voluptés des sens : vous ne regarderez le monde que pour y contempler les choses invisibles peintes dans les choses visibles, vous n’aurez d’ouïe et de voix que pour la prière, vous châtierez votre corps comme un ennemi. Alors, – je veux l’espérer, – l’équilibre du péché et de la souffrance se rétablira dans les balances du Juge. La grâce sera donnée à la pécheresse qui ne l’a point demandée, ni méritée, et à vous, mon fils, par surcroît. »

M. de Chanteprie demeurait incertain, ébranlé… Forgerus l’exhorta encore.

« Rentrez dans votre chambre, conclut-il. Demain, nous entendrons la messe ensemble, et vous me ferez connaître votre résolution… Et priez, cette nuit, ardemment !… Moi, je n’ai plus rien à vous dire. Dieu saura bien achever l’œuvre qu’il a commencée en vous. »