Page:Tinayre - La Maison du péché, 1941.djvu/222

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Une inquiétude inexplicable le tourmentait, comme s’il eût attendu quelqu’un ou quelque chose.

Plus oppressé que de coutume, il s’assit un jour sur un des bancs de la terrasse. Le ciel gris et bleu fondait en averses rapides. Des vapeurs flottaient sur les bois couleur de tan, et l’air, imprégné d’eau, était comme un grand bain immobile et tiède où l’on s’engourdissait jusqu’au sommeil.

Augustin respirait avec effort. Son cœur gonflé lui faisait mal. Il pensait à Fanny et il croyait sentir sur ses paupières enflammées, sur son front pesant, les mains légères de cette femme.

« Qu’ai-je donc ? soupirait-il. Je ne suis plus moi-même. Et pourtant, il n’y a rien de nouveau dans ma vie. »

Ses yeux, fixés sur le sol, découvrirent parmi les feuilles mortes, au pied d’un tilleul, une violette pâle. Sur les branches noires, des bourgeons éclataient, cotonneux ou gluants, avivés de pourpre, et M. de Chanteprie reconnut le printemps.