Page:Tinayre - La Rancon.djvu/100

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gularité, le mystère, la bête à sept têtes de Babylone !

Et narguant l’air scandalisé de la dame qui tournait sur elle un œil rond de poule en détresse :

— Ah çà ! dites donc, Étienne, est-ce qu’ils ne vont pas bientôt s’en aller, ces Philistins-là ? Donnez-moi une cigarette, vous les verrez fuir.

— Mais vous allez nous faire mal juger.

— C’est cela qui m’est indifférent !

Et sans s’apercevoir que son compagnon n’était pas moins effaré que les intrus eux-mêmes, elle ajouta :

— C’est très drôle d’être prise pour ce que l’on n’est pas. Est-ce que je ressemble à la bonne petite dame qui fait des salamalecs dans mon salon ? Que dirait Moritz et Quérannes, s’ils me voyaient ? Ah ! mon pauvre Étienne, voilà les tristes conséquences d’une éducation négligée !

— Jacqueline ! Vous êtes un démon… On ne peut pas causer sérieusement avec vous.

Mais, tout en se fâchant, il ne pouvait s’empêcher de rire. Ah ! la divine folle ! Il subissait le charme de la jeunesse, si puissante sur les hommes mûrs. Il retrouvait l’ivresse de ses vingt-cinq ans. Elle pouvait plaisanter, faire et dire cent enfantillages, il était toujours con-