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Page:Tinayre - La Rancon.djvu/135

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jamais, la douce promenade ? Tant de hasards peuvent nous séparer. Les amis, les parents, même deviendront autant d’ennemis si nous sommes découverts. Et vous-même, êtes-vous sûre de votre cœur ? Acceptez-vous bien librement les remords, les angoisses, les dangers possibles ? Ne regretterez-vous jamais le consentement arraché dans une heure d’émotion suprême et qui vous a promise à moi ?…

» Cher Étienne, oubliez ce souci. Que rien n’existe pour nous, hormis nous-mêmes. J’ai réfléchi depuis quatre jours. J’ai pu mesurer ma faute et ma responsabilité. J’ai interrogé mon cœur. Il m’a répondu par le même cri de tendresse. Ah ! je ne cède pas à l’entraînement des sens, aux suggestions d’une imagination romanesque. En apprenant tout, je n’ai rien oublié. Je sais regarder la réalité en face et me jurer à moi-même que rien ne sera changé dans ma vie, que l’amour nouveau, l’amour éternel et les devoirs qu’il me crée, n’aboliront ni les affections anciennes, ni les devoirs antérieurs. Je vous le dis, mon bien-aimé, avec une mélancolie qui n’est pas un regret ; il me serait impossible de renoncer à Paul, à Jo, qui m’aiment tant, et que j’aime et que J’aimerai toujours… Qu’ils ne souffrent