Page:Tinayre - La Rancon.djvu/144

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Elle se raidissait pourtant :

— Je ne discute pas. J’accepte. Allons, le rêve est fini… Et vous avez le beau rôle. Ne vous plaignez pas. Vous pourrez dire : « Une femme, une jeune femme qui m’adorait s’est offerte à moi. Mais j’ai agi en héros. J’ai renoncé à elle… » Eh bien, ça la guérira, cette folle, cette écervelée… Elle ne recommencera plus… Elle… Ah ! mon Dieu… mon Dieu !

Ses larmes jaillirent. Elle se jeta sur le divan avec un cri tout de suite éteint en sanglot. Étienne la prit à la taille, la souleva, la garda sur ses genoux comme une enfant…

— Ne pleurez pas !… Vous me déchirez le cœur… Je ne veux pas que vous pleuriez, oh ! je vous aime, je vous aime !… Écoutez-moi, regardez-moi… Oh ! ma pauvre petite, ma pauvre petite Line !…

Elle ne raillait plus maintenant. Elle s’accrochait à son amant, comme un naufragé à une épave… Elle l’écoutait sans répondre, sans essuyer ses larmes, ses intarissables larmes qui redoublaient à chaque mot…

— Line !… comprenez-moi… Il ne s’agit pas de ne plus nous aimer… Il s’agit de nous épargner une mauvaise action… Vous ne l’avez pas bien