Page:Tinayre - La Rancon.djvu/151

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tard, quand je serai guéri ! » Il se rejetait dans le travail. Mais l’inspiration fuyait, et l’attention d’Étienne, concentrée sur un point unique, ne servait pas sa volonté. C’étaient des heures d’impuissance, de nervosité, de tendresse mortelle.

Souvent Étienne croyait entendre résonner la clochette de l’antichambre. Il se précipitait… Rien ! Elle n’était pas venue ; elle ne viendrait plus. Il ne la verrait plus, droite sur le seuil, rieuse et malicieuse, ou s’échappant, furtive, dans l’escalier sombre, avec un baiser au bout des doigts.

Chartrain rentrait chez lui, un soir, vers sept heures. Il traversait les terrasses du Luxembourg, rose et or dans le couchant rose. Et comme il ralentissait le pas, respirant l’odeur de la terre, des verdures, de la pluie récente qui venait de crépiter si doucement sur les marronniers, il aperçut Jacqueline à quelques pas de lui.

— Quelle surprise ! Je vous croyais à Meudon.

— J’y suis toujours. Ma mère me quitte demain avec le petit. Je suis venue acheter quelques bibelots.

Ils se regardaient anxieusement, profondément :