Page:Tinayre - La Rancon.djvu/178

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— Mais, je ne vous ai pas accaparée, ma chérie.

Elle sentait le blâme indirect et ne répondait pas, vaguement boudeuse.

— Vous craignez peut-être de le revoir, maintenant !

Elle riposta d’un air fâché :

— Pourquoi ?… Il n’a pas l’âge de comprendre. Et puis, dois-je me croire déshonorée parce que je vous appartiens ?

— Jacqueline, je ne dis pas cela.

— Mais vous le pensez. Oui, je devine… Vous me trouvez trop gaie… Vous avez des remords et cela vous étonne que je ne les partage pas. Mon âme est ainsi faite. J’aime et je ne discute pas mon amour. Mais vous vous dites que j’ai cédé bien facilement et bien vite… Oh ! je n’aurais pas cru cela de vous.

— Folle, vous savez bien le contraire.

— Partons ! fit-elle brusquement.

Elle se leva et sortit de l’auberge. Étienne la rejoignit à l’entrée du bois.

Le soleil était haut sur l’horizon, la chaleur devenait accablante. Chartrain, ému par la sourde irritation de son amie, essaya de la radoucir :

— Line, ne me boudez pas, je vous en prie, ne soyez pas enfant.