Page:Tinayre - La Rancon.djvu/183

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aimions purement, silencieusement, selon votre rêve… Et j’ai senti que jamais, jamais je ne réaliserais votre idéal.

— Enfant !

— Et puis… et puis…

— Dites…

— Et puis j’ai pensé à ce que nous avions fait, à ma folie que vos paroles d’aujourd’hui m’ont fait connaître. J’ai pensé à Paul qui est je ne sais où, là-bas, et à Jo, qui dort dans son petit lit, près de ma mère… Et tout cela m’a déchiré le cœur. Ah ! pour que je sois heureuse, il faut que je les oublie, Étienne… Et je les aime, malgré tout, je les aime tant.

Étienne frémit. Lui aussi, il avait eu la vision du mari, calme et confiant, et de l’enfant endormi près de l’aïeule. Il prit Jacqueline dans ses bras :

— Mon amour, cria-t-il, mon amour ! Je ne te méprise pas, je ne te blâme pas. Je te plains. Et ne crois pas qu’il y ait dans mon cœur, pour toi, autre chose que de la tendresse.

Elle pleurait doucement sur son épaule. Il la fit asseoir près de lui.

— Chère âme, nous souffrirons. C’est inévitable. J’accepte toutes les douleurs. Tu me les as