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Page:Tinayre - La Rancon.djvu/184

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payées d’avance. Mais toi, pauvre petite, as-tu mesuré tes forces, as-tu du courage ? M’aimeras-tu malgré tout ?

— Toujours.

— Toujours ?

— Oh ! n’en doutez pas, dit-elle avec un accent de prière.

— Je ne suis pas un tyran, dit-il, en caressant de la main la joue de la jeune femme, où roulait une larme brillante. Le jour où notre liaison — je ne dis pas notre amour — vous pèserait comme un crime, vous seriez libre, mon amie. Je ne veux vous tenir que de vous-même, par un consentement sans cesse renouvelé. N’oubliez jamais cela.

— À quoi bon ?… Est-ce que quelque chose, maintenant, peut nous séparer ? Je vous ai donné mon âme.

— Ah ! que vous savez bien aimer, dit-il, attendri. Mais vous êtes une idéaliste forcenée, ma Jacqueline, et vous me voyez en beauté, dans un mirage, qui, bientôt peut-être, s’évanouira. Quel que soit l’avenir, je ne veux ni vous diminuer, ni vous dépraver. Je vous veux bonne, dévouée à ceux que vous aimez et que vous aimerez encore quand je ne serai plus, dans votre vie, qu’un