Page:Tinayre - La Rancon.djvu/185

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mélancolique souvenir. Chère, la folie de ces derniers jours, la fièvre où nous vivons, cette passion que tu me pardonnes, n’enlèvent rien du tendre respect que j’ai pour toi. Et je ne serai ni égoïste, ni avare, en possédant mon cher trésor… Oui, je veux que personne ne souffre par notre faute. Cela paraît étrange, n’est-ce pas ? Un amant, l’amant éperdu que je suis, tenant ce langage. Je dois te sembler ridicule ou inconscient. Mais je ne puis me désintéresser de ta vie, de cette part même de ta vie qui ne m’appartient pas. Je te veux, chérie, telle que je te souhaiterais si tu étais ma femme, car j’aime ton esprit, ton cœur, ton âme, autant que ta douce beauté.

— Ah ! que tu sais bien me parler ! que je t’aime, murmurait-elle avec ravissement, et je t’admire autant que je t’aime. Sois mon guide, mon maître et mon soutien.

— Chut ! ne me donne pas des louanges que je ne mérite pas.

Il était ravi cependant, et un grand bonheur lui venait de cette certitude qu’ils ne pourraient jamais se mépriser. Il ne songeait plus à critiquer Jacqueline. Elle était la femme avec ses inconsciences qui ressemblent à la perversité, ses puérilités, ses contradictions, et aussi avec