Page:Tinayre - La Rancon.djvu/188

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Sur la poitrine de l’époux, l’ancienne tendresse, la chère habitude remontèrent au cœur de Jacqueline. Une émotion puissante la secoua. Elle fondit en larmes en rendant à Paul son étreinte et son baiser.

— Ma chère femme, mon beau petit ! Que c’est bon de revoir ceux qu’on aime. Je trouvais le temps bien long.

Une voiture les emporta vers la gare Montparnasse où ils devaient prendre le train de Meudon. Paul, bruni, maigri, mais alerte, débordait de joie, mêlant les questions aux caresses, les baisers aux récits. Jacqueline, les yeux encore humides, lui répondait distraitement, hantée par une pensée unique. L’enfant bavardait et riait sur leurs genoux.

Après le déjeuner, quand Paul eut raconté ses projets, ses espérances et, plus longuement, ses impressions de voyage, il s’étendit dans un rocking-chair sur la pelouse, Jacqueline assise auprès de lui. Il l’interrogea, demandant des nouvelles de tous les amis, le récit de cette fameuse soirée chez Suzanne Mathalis, où Jacqueline avait eu un double succès de musicienne et de jolie femme. Et sans voir la contradiction douloureuse des traits de Jacqueline, il continua :