Page:Tinayre - La Rancon.djvu/201

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La servante, effarée, obéit à cette injonction, et peu après Étienne entendit un juron énergique :

— Fichez-moi la paix ! J’ai défendu de me déranger. Dites que j’ai modèle.

— Mais, monsieur, le monsieur m’a donné sa carte.

— Ah ! c’est Chartrain !

Moritz, en chemise de flanelle, sa palette à la main, sortit de l’atelier avec l’air bourru d’un homme qu’on arrache à une occupation intéressante.

— Excusez, mon cher… Que puis-je pour vous ?

Chartrain, un peu confus, balbutiait la demande d’une adresse. Le peintre l’observait de son œil fin.

Radouci, il se prit à rire :

— Entrez donc.

— Mais… n’est-ce pas madame Vallier ?…

— Madame Vallier !… Elle a décommandé la séance. Ah ! ces pécores de femmes ! On ne peut jamais compter sur elles… Elle était d’une triste humeur, hier soir. Mais entrez donc. Vous verrez un beau modèle.

Chartrain refusa, un peu confus.

« Ai-je été ridicule et puéril ! pensait-il en revenant chez lui ! Pauvre Jacqueline ! Je l’ai