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féconde tendresse. De cette épouvantable crise, la pauvre femme sortait plus désarmée contre l’assaut du remords. Jacqueline s’effrayait de l’avenir. Il lui semblait qu’il n’y aurait plus de bonheur pour elle, ni aux bras d’Étienne, ni au foyer de Paul.

À Paris, Chartrain se mourait d’inquiétude et de tristesse. Il n’osait aller trop souvent à Meudon, où la gratitude enthousiaste de Vallier, l’abattement de Jacqueline lui créaient mille causes de douleur. Depuis la terrible nuit, des lettres régulières le rassuraient sur la santé de Paul ; mais le ton de ces lettres, sincèrement affectueux, trahissait le trouble de la jeune femme. Il la connaissait trop bien pour ne point pressentir les luttes qui se livraient dans son cœur. Et, tremblant d’être moins aimé, respectant pourtant les scrupules de la garde-malade, il rêvait d’un temps où leurs blessures guériraient, où l’habitude amoureuse vaincrait les révoltes inévitables, où, sur la bouche de Jacqueline, il boirait la certitude et l’oubli.

Mais Jacqueline, dans ses lettres, ne parlait pas de son retour. Il n’y tint plus. Il écrivit un jour, laissant crier sa détresse. Elle répondit en fixant un rendez-vous pour le lendemain soir.