Page:Tinayre - La Rancon.djvu/249

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jours depuis que vous êtes revenue à Paris. Pas une visite, pas une lettre, pas même, quand je suis ici, un mot ou un regard… Que vous ai-je fait ? qu’avez-vous ? Vous m’évitez, je le sens. Ma présence vous gêne et vous irrite.

— Vous êtes fou, mon pauvre ami.

— Je ne suis pas fou, je suis plus lucide que vous ne pensez… et très malheureux.

Elle murmura :

— Je ne puis quitter Paul.

— Mais il va mieux !… Et si vous ne pouvez venir me voir, vous avez le loisir de m’écrire. Ah ! Jacqueline, vous n’êtes plus la même, vous ne m’aimez plus.

— Étienne…

— Vous ne m’aimez plus. Votre abandon…

— J’ai trop souffert. Accordez-moi un délai. Quelques jours encore, Étienne, quelques jours et je vous promets…

Il lui prit la main :

— Ayez pitié de moi. Venez demain. J’ai beaucoup de choses à vous dire. Je suis à bout de force et de patience… Ah ! vous avoir eue à moi, pendant des années, toujours pareille à vous-même, tendre, gaie, fidèle, ma joie, mon espoir, ma consolation — et me trouver privé de