Page:Tinayre - La Rancon.djvu/250

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vous, rejeté dans l’ombre avec le torturant souvenir de la lumière…

Elle frémit.

— Chut ! vous me faites mal… Étienne, Étienne, ne me pressez pas de venir.

— Pourquoi ?

Elle garda le silence. Dans l’antichambre, derrière elle, la porte du salon s’ouvrit. Elle recula et jeta, à mi-voix, comme à regret :

— Demain donc. Je viendrai demain.

Elle traversa le vestibule, suivie de Chartrain. Au salon, les convives réunis pour fêter la convalescence de Paul attendaient, groupés au gré de leur fantaisie. Étienne salua Quérannes et Moritz, les Lachaume, madame Lussac et son mari. Puis, près de madame Aubryot, il aperçut deux dames noires en robes de faille mate, avec des médaillons d’or, des manchettes de dentelles, de longs nez périgourdins et des fronts jaunes surmontés d’une étrange mousse de cheveux frisés contenus dans un filet invisible.

Vallier nomma les dames Séverat, deux arrière-cousines, et la présentation s’acheva par un petit mouvement du cou de ces dames. Presque aussitôt, les portes de la salle à manger étant ouvertes, Étienne dut offrir son bras à la plus