Page:Tinayre - La Rancon.djvu/252

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verdict du jury pour le capitaine Cruz, ce Portugais qui a tué l’amant de sa femme ?

— Cruz est acquitté, dit Lussac.

Lachaume eut une exclamation de triomphe :

— Je l’avais bien dit !

Madame Aubryot s’indigna :

— Acquitté ? Cette brute qui a tué un homme, avec la plus complète préméditation, le plus grand sang-froid, la plus lâche prudence ?

— Il y avait flagrant délit.

— Provoqué par lui, certainement… C’est une indignité, une infamie ! Voilà votre œuvre, messieurs les romanciers.

— Eh ! dit Vallier, ne nous accablez pas… Moi, j’ai toujours prôné l’indulgence. Voyez mes œuvres complètes.

— Qu’est-ce que ce capitaine Cruz ? demanda madame Stéphanie Séverat.

Lachaume répondit :

— Le capitaine Cruz possédait une femme trop jolie et un ami trop intime. L’ami de monsieur est devenu l’amant de madame. Une lettre anonyme avertit le capitaine. Quoique Portugais, il était d’humeur morose et jaloux comme un Espagnol. Il prétexte un petit voyage. Vieux truc qui réussit toujours. Il revient à l’improviste, trouve