Page:Tinayre - La Rancon.djvu/253

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le tourtereau roucoulant près de sa tourterelle et l’expédie dans l’autre monde en trois coups de revolver. La femme, blessée au bras, s’évanouit. Les voisins arrivent et mon capitaine, bel et bien vengé, se constitue prisonnier, tranquillement. Il passe aux assises et il est acquitté. Ce n’est que justice.

— Comment ! fit madame Lussac, vous, Lachaume, vous admettez ces mœurs de sauvage, quand le divorce existe, quand le mari trompé peut reprendre sa liberté ?

— Le divorce, le divorce !… Avec ça que le divorce modifie ou supprime le vieux fond de sauvagerie qui surgit chez les mâles. Et les mœurs, les absurdes mœurs qui ridiculisent l’époux quand la femme est coupable ! Le capitaine a vu rouge où d’autres voient jaune. C’est plus dramatique. Le sang coule, on s’épouvante, mais on ne rit pas.

— Allons donc ! repartit Moritz. Quand un homme voit rouge, comme vous le dites, il ne prend pas tant de précautions. Le Cruz a médité quatre jours sa petite comédie qui devait s’achever en drame.

— Tant pis pour les victimes. Je ne les plains pas. Ces deux imbéciles qui vont s’aimer dans le