Page:Tinayre - La Rancon.djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas prudhommesque et dur comme Lachaume, vous…

— Mon ami, cette femme est faite pour la passion et nul n’échappe à sa destinée. Je ne l’oserais dire qu’à vous seul… Elle a aimé…

— Qui sait ? dit Chartrain…

— Elle a aimé, et elle s’est reprise… Tôt ou tard le temps fait son œuvre et quand l’amour s’éternise sous la forme définitive d’un sentiment pur, c’est la solution la plus heureuse du problème de l’adultère.

— Mais, dit Chartrain pensif, à travers ces misères et ces épreuves, deux amants peuvent-ils, sans cesser d’être amants, s’aimer d’un véritable amour ?

— L’âge, l’absence, les soucis refroidissent le désir physique et tôt ou tard la vie brise les liens de la chair. On se garde par lâcheté, par orgueil, par générosité même. Celui qui voudrait se libérer craint la douleur de l’autre, celui qui chérit le joug l’alourdit sur son compagnon. Ah ! les fins d’amour, les fins de liaisons qui croulent dans la banalité de l’habitude, dans l’enfer des déceptions, quelle tristesse !

Ils étaient arrivés devant la porte de Moritz. Le peintre reprit :