Page:Tinayre - La Rancon.djvu/272

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Jacqueline, complice dans la comédie, feignit un grand malaise. La vieille ajouta :

— Faut qu’elle se dégrafe, la p’tite dame, et qu’elle dorme un bout de temps.

Puis, d’un air entendu :

— C’est pt’ête ben un bébé ?

— Peut-être, dit Étienne qui voulait imposer Jacqueline au respect de l’hôtesse et prévenir tout équivoque soupçon.

La vieille fée les conduisit par un escalier obscur dans une vaste chambre qui sentait le linge frais, les poires mûres et l’herbe sèche. Des rideaux blancs à franges nouées s’évasaient sur le lit d’acajou. Une armoire Louis XV occupait le centre d’un panneau, en face de la cheminée. Entre des candélabres en simili-bronze, un berger jouait de la flûte sur une pendule qui ne marchait pas. Un papier jaunâtre couvrait les murs, et sur le plancher lavé à grande eau, un tapis usé montrait un chien sans forme ni couleur, tenant un perdreau dans sa gueule.

Jacqueline se laissa tomber dans le fauteuil voltaire garni d’une housse au crochet.

— Tu n’es pas mieux ? demanda Étienne hypocritement.

— Vous voulez pt’ête de la liqueur ? dit la