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XXIV


Désormais Chartrain désespéra. Il ne pouvait nier l’ébranlement moral, l’épuisement physique de Jacqueline, et si ardent qu’il fût à défendre son amour, il se reprochait parfois, douloureusement, l’égoïsme de cet amour même. Vainement, il tenta de se leurrer sur les causes profondes du trouble qu’il constatait, n’y voulant voir qu’une crise passagère. Dans l’âme de Jacqueline, claire pour lui comme le cristal, apparaissait, à travers un chaos de sentiments contraires, la nostalgie de la vie harmonieuse qu’il lui avait fait entrevoir. Oui, Jacqueline avait raison. Qui donc l’avait transformée, sinon Chartrain lui-même ? Il l’avait prise inconsciente et docile, avec une âme d’en-