Page:Tinayre - La Rancon.djvu/279

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fant et, dans le conflit de leurs deux natures, il avait lentement triomphé. Il s’était imposé à l’esprit de Jacqueline comme elle s’était imposée à ses sens, et trop chimérique pour distinguer la maîtresse aimée d’une épouse aimée, il donnait à leur coupable liaison l’idéal même du mariage. Recréant Jacqueline à l’image de la femme qu’il eût choisie, il ne s’apercevait pas qu’en lui présentant un admirable idéal de loyauté, il lui rendrait odieuse la nécessité du mensonge ; qu’en la rapprochant de son enfant, il éveillait en elle un sentiment rival de l’amour ; qu’en s’interdisant toute critique, même fondée, à l’égard du mari, il respectait la chaîne conjugale, solide encore. Et peu à peu, Jacqueline avait connu la tare de son bonheur, la contradiction chaque jour plus évidente.

La maladie de Vallier avait provoqué une crise préparée depuis longtemps et dont les causes remontaient aux premiers incidents suscités par Étienne, dès les débuts de son amour. Dans cette angoisse, Jacqueline avait pris conscience des aspirations et des regrets qui couvaient en elle.

Pendant les heures mornes de la convalescence, quand Vallier, plus grave, lui témoignait